Le collège selon Maria Montessori
C’est quoi un collège Montessori ?
Maria Montessori est surtout connu pour sa pédagogie dans les petites classes. Elle y a développé en effet tout un matériel scientifique et décrit en détail comment enseigner les enfants jusqu’à l’âge de 12 ans. Elle a elle-même fondé de nombreuses écoles dans le monde entier.
Elle a décrit dans « De l’enfant à l’adolescent » ce que devrait être pour elle l’enseignement au collège, au lycée et à l’université mais elle n’a pas eu le temps de le développer. Le premier collège Montessori voit le jour en 2000 à Hershey dans l'Ohio. Il reste la référence à ce jour pour le 12-18 ans.
En France, quelques pionniers ont lancé des projets Montessori pour les adolescents et il existe à l’heure actuelle une vingtaine de collège Montessori respectant plus ou moins le projet de Maria Montessori. Mais ceux-ci sont appelés à se développer car de nombreux enfants ayant fait le primaire dans des écoles Montessori souhaitent maintenant continuer dans la même philosophie de l’apprentissage !
Les réformes que propose Maria Montessori
Voici en résumé les principales réformes que Maria Montessori préconise pour l’école secondaire :
1-Un collège qui s’adapte aux bouleversements que connait la période de l’adolescence
Dans son livre « de l’Enfant à l’adolescent », Maria Montessori nous rappelle qu’entre 12 et 18 ans, l’adolescent vit une grande transformation : il éprouve beaucoup d’empathie et une grande sensibilité pour les autres tout en étant très fragilisé par les bouleversements intérieurs qu’il vit.
Il a besoin de savoir qui il est et quelle est la place qu’il peut avoir dans la société.
Les intuitions de Maria Montessori au siècle dernier sont étonnamment pertinentes pour l’école d’aujourd’hui :
« La première réforme de l’éducation doit être d’offrir aux enfants un milieu plus vaste, des activités plus variées et des possibilités pour eux de travailler en association. Une période de germination pour la construction de la société se présente précisément pendant l’adolescence ; or, la société se construit au moyen d’activités diverses, et pas seulement par des activités purement intellectuelles ; et surtout elle a besoin que l’individu qui développe ses expériences sociales acquière le sentiment croissant de sa propre conscience. » MM
« Pendant la période difficile de l’adolescence, il est préférable de faire vivre l’enfant hors de son milieu habituel, de sa famille, à la campagne, dans un lieu tranquille, au sein même de la nature… L’école de ces enfants ou, plus exactement, leur maison à la campagne ou à la petite ville, doit être pour eux l’occasion d’une expérience sociale, parce que leur vie y est établie sur une plus grande échelle, et avec une possibilité plus grande de liberté que dans leur famille. » MM
2-Un collège qui propose à l’adolescent une véritable « école expérimentale de vie sociale »
L’âge de l’adolescence est appelé par Maria Montessori « l’âge social » : l’enfant a besoin de comprendre sa place dans la société et pour cela il faut qu’il appréhende concrètement la question du travail.
« Le problème de la réforme de l’école secondaire ne sera résolu ni en supprimant la « culture », ni en perdant de vue la nécessité de préparer la jeunesse aux professions intellectuelles. Mais il est essentiel que cette préparation n’endorme pas les hommes dans un sentiment erroné de sécurité, et ne les rende pas incapables de faire face aux difficultés imprévues de la réalité, en les laissant ignorants du monde dans lequel ils sont destinés à vivre. » MM
« La réforme essentielle consiste donc à mettre l’adolescent en mesure d’acquérir son indépendance économique. Il s’agit de créer une « Ecole expérimentale de vie sociale… Cette indépendance économique a une valeur plus éducative que pratique ; elle est encore plus utile à la psychologie de l’adolescent qu’à sa vie matérielle ». MM
Maria Montessori propose concrètement, qu’en parallèle de ses études intellectuelles, l’enfant puisse travailler sur une exploitation agricole ou une ferme dans toutes les étapes de la production à la commercialisation.
Maria Montessori propose ainsi de mettre « l’enfant à la terre » : c’est-à-dire faire vivre l’enfant en milieu rural : dans un internat avec une ferme, pour qu’il puisse s’épanouir sainement et, tout en réalisant ses études, puisse comprendre les réalités socio-économiques actuelles dans lesquelles il entrera bientôt.
« Le travail en soi a une bien plus grande importance que le genre de travail auquel on se livre… Le travail matériel ne retarde pas les études, mais aide, bien au contraire, à les intensifier. » MM
3-Un collège qui décloisonne les connaissances, redonne sens au savoir et élargit les méthodes d’enseignement
« Les études ne sont pas nécessairement liées dès le début aux programmes actuels des écoles secondaires ; elles doivent encore moins emprunter les « méthodes » en vigueur… Il s’agit d’ailleurs d’étendre le champ de la connaissance, et non de le réduire. C’est principalement sur la manière de distribuer cette connaissance et sur les méthodes d’enseignement que doit porter la réforme » MM
Pour Maria Montessori, l’objectif n’est pas tant d’amener l’enfant à un niveau académique donné selon son âge, mais plutôt d’aider l’enfant à « conquérir son plus haut niveau ».
Il faut donc éviter de transmettre des savoirs à des enfants passifs, d’autant qu’à cet âge-là, la vivacité intellectuelle et l’endurance baissent en intensité. C’est à l’éducateur de se remettre en question sur sa façon d’enseigner et de chercher de nouvelles façons d’éveiller l’intérêt de l’enfant, de l’aider à s’émerveiller devant la connaissance. En termes de méthodes, on cherchera le plus possible à lui permettre d’être acteur dans son apprentissage (le fameux « apprendre à apprendre »).
Pour Maria Montessori, il faut aller plus loin qu’en primaire en donnant à l’adolescent les outils pour apprendre à se connaître (construction de son identité), pour développer encore plus l’esprit d’entreprendre seul ou en travail collectif. La bienveillance et l’altruisme, chers à Maria Montessori, sont le climat propice à la découverte de l’autre, à la coopération et à la reconnaissance mutuelle dont ils ont tant besoin à cet âge.
Ces intuitions de Maria Montessori, même si elles ont été écrites au siècle dernier, nous semblent toujours d'actualité. C'est pourquoi nous avons élaboré notre projet pédagogique en reprenant la majeure partie de ces intuitions et des mises en oeuvre qu'elle propose.